Réforme de l'élection présidentielle par un scrutin mathématiquement juste
Initiative citoyenne
Réforme de l'élection présidentielle par un scrutin mathématiquement juste
Proposition:
Utiliser un mode de scrutin moderne pour l’élection présidentielle de sorte à améliorer la représentation des préférences de la population et à réinsufler de la confiance dans l’exercice politique.
Justification:
Le mode de scrutin actuel de l'élection présidentiel est le scrutin uninominal à deux tours au suffrage universel.
A l’époque où il a été mis en place, les connaissances scientifiques, notamment en théorie des jeux, n’étaient pas aussi riches qu’aujourd’hui et n’avaient pas encore pénétré les sphères politiques.
Or, depuis, de nombreuses avancées ont été faites et il s’avère que le scrutin uninominal à deux tours (que nous nommerons SUDT par la suite) est une des pires manières de voter. Bien qu’il y ait encore pire (comme le scrutin uninominal à un tour), il y a surtout bien mieux.
La théorie des scrutin énonce plusieurs propriétés souhaitables pour un scrutin, parmi lesquelles :
- Le système de vote doit toujours aboutir.
- Toutes les éventualités doivent pouvoir se réaliser.
- Le système ne doit pas tenir compte des choix d'un individu au détriment des autres.
- Si un votant améliore le rang d'une option, cela ne doit jamais la désavantager.
- Ôter un candidat (autre qu'un gagnant) ne doit pas changer le résultat du vote.
Même si ces critères peuvent sembler évidents de prime abord, tous ne le sont pas. Le SUDT viole typiquement le dernier critère.
Un exemple simplifié permet de s’en convaincre. Prenons le cas d’une France où il n’y ait que deux tendances politiques (Gauche et Droite) et disons que l’opinion publique est à 60% de droite et à 40% de gauche. 6 candidats se présentent: A et B (de gauche) et C, D, E, F (de droite). Le SUDT pourrait tout à fait aboutir à ce que les résultats soient :
A: 20%
B: 20%
C: 15%
D: 15%
E: 15%
F: 15%
Il y aurait alors un second tour entre A et B et le président élu serait donc forcément de gauche alors même que 60% de la population serait de droite.
Notre système électoral a cela de pernicieux que plus une tendance politique est plébiscitée par la population, plus il est probable qu’elle ait des représentants variés, moins il est probable qu’elle soit élue car chaque représentant dilue les votes.
Avec la multiplication des candidats ces dernières années (par rapport au début de la Vè République), les effets néfastes du SUDT sont de plus en plus sensibles et même inquiétants. Les présidents élus le sont vraisemblablement avec plus de 50% des électeurs qui leur sont hostiles et il est probable que ceci contribue à la montée des extrêmes.
L’organisation de “primaires” avant les élections est un moyen d’atténuer les effets flagrants mais il ne s’agit finalement que de déporter le problème d’un échelon.
Pour autant, existe-t-il un mode de scrutin parfait ? Oui et non. Il n’existe pas de scrutin simple respectant toutes les propriétés énoncées plus haut (Théorème d'impossibilité d'Arrow). Mais il est possible de se passer de la première propriété qui dit que le système doit toujours aboutir à un résultat. En effet, en ignorant cette contrainte, on peut intégrer au scrutin une des dimensions du sujet connexe qu’est la reconnaissance du vote blanc. Si le scrutin n’a pas sorti de vainqueur univoque, ou si le vainqueur est le vote blanc, les candidats ayant participé deviennent inéligibles et l’élection doit être refaite.
Si l’on accepte ce concept , alors le scrutin de Condorcet possède les autres propriétés qui nous intéressent: il est juste, simple et plus informatif sur les opinions de la population.
Le principe est que chaque électeur classe tous les candidats (et le vote blanc) en partant de celui qu’il plébiscite le plus jusqu’à celui qu’il rejette le plus.
Les conséquences positives sont:
- Quand un vainqueur est désigné on est sûr qu’il n’a pas 50% de la population contre lui
- Si plus de 50% de la population préfère un candidat quand il est mis face à chacun des autres, alors il est élu
- Si une tendance politique est sur-représentée parmi les candidats, ceux-ci ne se gênent pas entre eux (il n’y en a pas un qui prenne les voix de l’autre)
- Il est possible de sonder plus précisément les idées qui intéressent les français (si le candidat du parti pirate est systématiquement mieux classé que celui du parti animaliste c’est que ses idées sont davantage une priorité pour les français, même si aucun d’eux n’est élu)
- Chaque électeur est poussé à se faire un avis sur chaque candidat et donc s’intéresser à tous les programmes. Ceci améliore la pénétration des idées nouvelles et étend la culture politique de tous
- Les petits candidats ont leur chance au même titre que les autres. Si par ailleurs tout le monde leur est globalement favorable mais que les gros candidats sont très clivants, ils peuvent tout à fait être élus.
- Le renouvellement de la classe politique. En effet, si le vote blanc arrive premier c’est que les électeurs préfèrent en majorité n’avoir personne plutôt que l’un des candidats (qui seront alors inéligibles à cette élection)
Dans un scrutin de Condorcet, nous l’avons dit, il se peut que personne ne sorte gagnant (c’est rare mais possible) à cause de préférences circulaires du type “Un majorité préfère A à B, une majorité préfère B à C mais une majorité préfère aussi C à A” (comme le jeu du pierre ciseau papier). Ce cas n’est pas problématique en soi si l’on considère qu’il est représentatif d’une situation où aucun candidat n’a su être assez convaincant. En ce cas, considérer que le vote blanc a gagné et refaire une élection avec d’autres candidats est entendable (gardons à l’esprit que ce sera très rare).
Réformer notre mode de scrutin en utilisant des méthodes plus démocratiques a été notablement vulgarisé au travers de deux vidéos :
Celle de David LOUARPE, docteur en Physique :
https://www.youtube.com/watch?v=ZoGH7d51bvc
Celle de Lê Nguyên Hoang, docteur en Mathématiques :
https://www.youtube.com/watch?v=fBYCoPAmpr4&list=PLtzmb84AoqRSmv5o-eFNb3i9z64IuOjdX
Les deux vulgarisateurs présentent notamment d’autres scrutins que celui de Condorcet comme le jugement majoritaire et la variante “randomisée” du scrutin de Condorcet. Ils ont l’avantage de respecter tous les critères d’un scrutin mais sont en contre-partie plus complexes. Si le fait que le scrutin de Condorcet puisse parfois ne pas aboutir est considéré comme un problème indépassable, il suffira d’envisager l’un de ces deux modes de scrutin à la place.
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