Pour une souveraineté numérique réelle, finançons nos talents par la sobriété politique
Initiative citoyenne
Pour une souveraineté numérique réelle, finançons nos talents par la sobriété politique
Le constat est amer : nos institutions sont sous un feu numérique constant. Hôpitaux paralysés, administrations entravées, fuites massives de données citoyennes... Les attaques réussies contre l'appareil d'État français ne sont plus des incidents isolés, mais le symptôme d'une vulnérabilité systémique. Face à une menace cyber de plus en plus sophistiquée, la réponse de la France reste entravée par une réalité prosaïque : le manque de bras et d'expertise.
Un État désarmé sur le marché des talents
Le domaine de la cybersécurité est une guerre de compétences. Or, l'État français part au combat avec un handicap majeur. En consultant les offres d'emploi pour des profils d'experts au sein de nos institutions publiques, le décalage est flagrant. Les rémunérations proposées sont bien inférieures à celles du secteur privé, qui n'hésite pas à s'aligner sur les standards internationaux.
Comment espérer attirer et surtout retenir les meilleurs ingénieurs, capables de protéger nos infrastructures critiques, si le service public exige un sacrifice financier trop lourd ? La vocation ne suffit plus lorsque le marché offre des salaires deux à trois fois supérieurs.
Le coût de l'inaction : une facture vertigineuse
L'inaction a un prix exorbitant. À titre d'exemple, le coût moyen de reconstruction et de gestion de crise pour un seul hôpital après une cyberattaque peut atteindre 30 millions d'euros. À l'échelle nationale, la cybercriminalité a coûté plus de 100 milliards d'euros à la France en 2024.
Nous sommes dans une situation absurde où l'État préfère dépenser des dizaines de millions d'euros pour réparer les dégâts d'une intrusion plutôt que d'investir cette même somme dans les salaires de ceux qui pourraient l'empêcher.
Le financement de la résilience par l'exemplarité
Pour combler ce fossé sans alourdir la dette publique, des choix de priorisation budgétaire s'imposent. La cybersécurité doit devenir une priorité régalienne absolue, financée par un effort de sobriété de la part de nos représentants.
Je propose deux mesures de réallocation immédiates :
1. Une réforme du train de vie parlementaire : Réduire l'indemnité parlementaire de 1 500 euros ainsi que l'Indemnité de Frais de Mandat (AFM) de 1 500 euros pour les 925 députés et sénateurs. Cette mesure permettrait de dégager mécaniquement environ 33,3 millions d'euros par an. Ce budget permettrait de financer la protection de dizaines d'institutions en recrutant des experts de haut niveau.
2. La fin stricte du cumul des rémunérations : Il est temps de mettre un terme à l'addition des indemnités pour les élus détenant plusieurs mandats. L'application d'une règle simple — la perception de l'indemnité la plus élevée uniquement — générerait des économies substantielles et renforcerait la confiance des citoyens envers leurs institutions.
Protéger la France de demain
Investir dans la cybersécurité n'est pas une dépense de confort, c'est une condition de notre survie démocratique et économique. En transférant une partie des budgets de fonctionnement de la classe politique vers la défense de nos systèmes d'information, nous passerions d'une logique de réparation subie à une stratégie de défense préventive.
L'heure n'est plus aux demi-mesures. La souveraineté numérique de la France vaut bien cet effort d'exemplarité.
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