Pour une grande réforme "ortografike"

L'orthographe française peut et doit être revue et simplifiée afin de devenir aussi phonétique que possible. Car elle n'est qu'une convention. Nous n'en sommes pas les esclaves ! Elle est contestable. Or loin de refléter une illusoire exactitude étymologique, elle est un empilement historique d'usages, semée d'incohérences et d'absurdités (il n'est pas plus juste de transcrire la lettre grecque φ en deux lettres, ph, que par la seule lettre f, comme dans fantaisie).

Nous pourrions suivre le modèle d'autres langues à l'orthographe quasiment phonétique, comme l'espagnol, l'allemand, l'italien, etc.

Une orthographe plus intuitive aurait de multiples avantages :

1) Elle réduirait les discriminations. Trop souvent, l'orthographe est un facteur de sélection, et largement injuste, dans les études et à l'embauche. Elle avantage ceux qui ont grandi dans une maison où les livres sont nombreux et la lecture valorisée, favorisant la reproduction des élites. Elle est un obstacle majeur pour les personnes dyslexiques et celles dont le français n'est pas la langue maternelle.

2) Elle allégerait l'enseignement. Les écoliers seraient libérés de l'apprentissage mécanique de règles et de listes d'exceptions "qui confirment la règle" ("les noms en -ou prennent un s au pluriel, sauf bijou caillou chou genou hibou joujou pou, qui prennent un x"). Aujourd'hui l'orthographe est punitive, liée à la faute. Symboles de l'échec scolaire, les dictées ne seraient plus omniprésentes. Tout cela offrirait plus de temps pour la littérature, l'écriture créative, la réflexion, le plaisir de lire, c'est-à-dire l'essentiel et le plus intéressant.

3) Elle serait plus efficace. L'écriture serait plus concise. La taille de tous les textes serait réduite de plusieurs pourcents. Ce n'est pas négligeable. Chacun gagnerait du temps à l'écriture et à la lecture. Les livres seraient plus légers, moins coûteux, leur empreinte écologique elle-même serait réduite. Tous les métiers qui lisent ou écrivent en français seraient facilités et feraient des économies.

4) Elle ferait mieux rayonner la langue française. Une langue trop complexe décourage son apprentissage. Les étudiants étrangers choisiront plus facilement d'apprendre le français, et de venir en France.

La réforme pourrait être portée politiquement au Parlement, car il s'agit de notre langue à tous, et elle ne saurait être réservée à des experts. Un débat public serait souhaitable. L'Académie française pourrait être mandatée pour faire une proposition bien plus ambitieuse que la réforme de l'orthographe de 1990, avec l'appui de linguistes, un regard sur les autres langues, et l'implication toute particulière des pays de la francophonie.

Nous aimons la langue française. Nous voulons qu'elle soit belle et accessible à tous.