ÊTRE « POUR » OU « CONTRE » LA LOI DUPLOMB EST UN ENGAGEMENT BIEN FAIBLE FACE À L’IMPASSE DANS LAQUELLE SE TROUVE NOTRE AGRICULTURE AUJOURD’HUI
Initiative citoyenne
ÊTRE « POUR » OU « CONTRE » LA LOI DUPLOMB EST UN ENGAGEMENT BIEN FAIBLE FACE À L’IMPASSE DANS LAQUELLE SE TROUVE NOTRE AGRICULTURE AUJOURD’HUI
La loi Duplomb est absurde. Il est simpliste de croire qu’en se positionnant de façon catégorique
« POUR ou CONTRE » la loi Duplomb, on peut solutionner le marasme que traverse l’agriculture actuelle. Les partisans du OUI et du NON s’affrontent sans prendre en considération tous les enjeux du problème, et durant des décennies ces adversaires vont créer des polémiques inutiles, alors qu’il est urgent de changer de paradigme, et de construire une nouvelle agriculture qui soit vertueuse et qui se substitue à celle d’aujourd’hui :
- qui est de moins en moins performante pour nourrir la nation dans des conditions pécuniaires satisfaisantes,
- qui n’assure plus un revenu décent aux agriculteurs qui deviendront des assistés, ou disparaitront,
- qui n’assure plus notre indépendance alimentaire nationale,
- qui génère un véritable fléau national en favorisant le développement de nombreuses maladies graves.
Reconstruire notre agriculture est une cause nationale.
Je suis Bernard LANGLAIS. J’ai choisi de devenir agriculteur par goût, sans avoir aucun antécédent ni aucun lien familial avec cette activité :
- en 1977, je me suis installé maraîcher dans les Pyrénées Orientales.
- en 1980, j’ai ajouté une activité de pépiniériste maraîcher.
- en 1987, j’ai ajouté une activité agro-alimentaire de mise en sachet des salades prêtes à consommer.
- en 1995, cette entreprise produisait annuellement de nombreux produits maraîchers mais surtout :
Trente millions de plants de salades prêts à être transplantés.
Cinq millions de pieds de salade cultivés en plein champ.
Six mille tonnes de salades emballées prêtes à consommer.
- à partir de 1997 et durant six ans, j’ai assuré la présidence du syndicat des fabricants de 4ème gamme.
Aujourd’hui, si le dossier des pesticides est mis sur la table de la nation, c’est grâce a Messieurs les sénateurs DUPLOMB et MÉNONVILLE. A juste titre, ils ont le soutien du monde agricole ; mais ce n’est pas pour autant qu’ils ont entièrement raison.
De plus, si depuis un mois ce dossier interpelle une part importante des citoyens de la nation, c’est grâce à Madame Éléonore PATTERY qui a initié une pétition contestataire « NON À LA LOI DUPLOMB ». Mais ce n’est pas pour autant que Mme PATTERY, et les deux millions de signataires de sa pétition ont entièrement raison non plus.
La loi DUPLOMB et la pétition PATTERY soulèvent de vrais problèmes, mais les positions catégoriques et tranchées de leurs auteurs ne permettront pas d’apporter une solution aux problèmes de l’agriculture actuelle. Un historique des évolutions agronomiques sera très instructif pour trouver des solutions fiables et pour nous éviter de mettre en place des lois rectificatives qui s’avéreraient inefficaces.
Commençons par nous promener dans une forêt.
On y constate que de nombreuses variétés de végétaux s’y développent souvent avec beaucoup de vigueur. Et pourtant, les tracteurs, les charrues et autres engins permettant de décompacter, d’ameublir, et de drainer les sols y sont absents. De même les appareils d’épandage d’engrais chimiques y sont absents, tout comme les pulvérisateurs et autres rampes de traitements phytosanitaires.
Dans la nature les végétaux peuvent donc se développer sans la main de l’homme, et sans la force mécanique des engins agricoles. Cela, nos ancêtres le savaient déjà, puisqu’ils ont commencé à se nourrir grâce à la cueillette, sans avoir eu besoin de développer des activités agricoles préalables. Puis durant des millénaires ils ont voulu assurer la sécurité et la qualité de leur approvisionnements alimentaires.
C’est ainsi :
- qu’au fil des siècles une nouvelle classe sociale et professionnelle s’est développée : les agriculteurs !
- que de nouvelles technologies n’ont cessé d’évoluer jusqu’à constituer l’agronomie moderne !
- et que durant le dernier siècle, cette évolution a connu un important bouleversement avec la mécanisation des moyens agricoles qui apporta de nombreuses évolutions positives ; comme la réduction de la pénibilité des travaux agricoles ; comme l’amélioration des rendements agricoles ; comme l’amélioration des revenus des agriculteurs ; et comme l’amélioration qualitative des produits.
Malheureusement depuis quelques décennies, il est apparu que cette mécanisation n’avait pas que des avantages, et qu’elle était à l’origine de la destruction des parcelles agricoles de notre nation. Le tracteur a tué les sols vivants comme nous en avons encore dans nos forêts.
Qu’est-ce qu’un sol vivant ?
- c’est un sol qui s’humidifie naturellement, à travers lequel l’eau percole à une profondeur au moins égale à 1mètre, car la texture physique de la terre spongieuse et non compactée facilite cette humidification.
- c’est un sol dans lequel une activité biologique se développe naturellement avec une faune d’environ 10 tonnes à l’hectare qui favorise cette percolation ; particulièrement les lombrics et les vers de terre dont les galeries permettent à l’eau de descendre jusqu’à deux mètres de profondeur,
- c’est un sol dans lequel se développe jusqu’à 2 tonnes de bactéries
- c’est un sol qui contient des champignons, et particulièrement le mycélium
- c’est un sol qui fabrique lui-même le meilleur humus pour le développement des plantes
- c’est un sol dans lequel certaines plantes possédant un système racinaire puissant peuvent se développer à plus d’un mètre de profondeur en créant ainsi un sous-sol propice au développement de la vie et des autres plantes.
Qu’est-ce qu’un sol mort, détruit par la mécanisation ?
- c’est un sol qui contient à une profondeur de 20 ou 25 centimètres une semelle de labour qui ressemble à une dalle de béton ; qui en a la dureté et l’imperméabilité, et qui est dû au compactage effectué par le passage des tracteurs, par le passage des socs des charrues, et de tous les engins qui ameublissent la surface du sol sur une profondeur de quinze ou vingt centimètres, mais qui simultanément compactent les couches inférieures.
- c’est un sol dans lequel l’eau ne pénètre pas et stagne au-dessus de la semelle de labour.
- c’est un sol qui ne permet plus à la faune, aux bactéries et aux champignons de se développer.
- c’est un sol dans lequel les cultures ne peuvent plus se développer naturellement, et pour pallier cette carence, il faut alimenter les plantes avec des engrais chimiques.
- c’est un sol dans lequel les plantes affaiblies ne peuvent plus assurer elles-mêmes leur intégrité face aux insectes (particulièrement les mineuses), face aux adventices, et face aux pourritures, et pour pallier cette carence il faut traiter avec des insecticides, avec des herbicides et avec des fongicides.
Je demande que l’élimination progressive des néonicotinoïdes et de l’acétamipride, mais aussi des autres pesticides encore autorisés soit bien programmée dans un calendrier ne dépassant pas trois ans.
Je demande que le label BIO ne soit attribué qu’aux cultures ayant été conduites sur des sols vivants, puisque cette solution permet d’éliminer catégoriquement l’utilisation des pesticides, et c‘est la seule.
Je demande que la loi Duplomb soit rapidement complétée par des amendements qui prévoient que durant trois ans, les actions suivantes soient subventionnées :
- la mise en place de mode culturaux favorisant la résurrection de nos sols agricoles.
- les apports de composts, de copeaux de bois provenant des scieries et des élagages, de fumures de déjection animale, d’apports de lombrics d’élevage, et de toute autre matière favorisant la revitalisation des sols.
- La recherche et la mise au point d’une mécanisation douce et légère, dont l’objet sera de concevoir des petits engins automoteurs (guidage laser et intelligence artificielle) qui pourront effectuer certains travaux comme le ratissage de la surface de plantation, comme les semis et les transplantations, comme les binages qui permettront de désherber physiquement et non plus chimiquement les cultures.
- d’assurer que toutes les catégories agricoles qui ont des spécifications distinctes (productions maraichères - arboriculture fruitière - viticulture - céréales - productions fourragères) sont bien concernées par ces dispositions.
Je demande un nouveau débat dans l’Hémicycle pour qu’un délai de trois ans soit accordé et que durant cette période, tous les efforts soient consacrés à la mise en place d’une solution globale. Les décideurs politiques, les agronomes et les agriculteurs, les économistes et les professionnels de la santé doivent s’impliquer pour qu’un processus consensuel émerge. Ils ne doivent pas craindre de dénoncer l’ampleur des travaux de recherches, l’ampleur des moyens financiers nécessaires à la mise en place d’une telle révolution culturale. Il ne s’agit pas de réinventer la permaculture, qui certes regroupe des processus agricoles vertueux mais qui jusqu’à ce jour est incapable de développer une agriculture, économiquement viable. Les façons culturales qu’elle préconise ne sont possibles que sur des surfaces limitées qui ne permettent pas d’atteindre une rentabilité financière.
En conclusion :
les décisions consistant à interdire rapidement les pesticides, sans réformer les méthodes culturales n’ont aucune chance de résoudre le problème. Il en va de même pour les décisions qui tendraient à rendre pérenne l’utilisation de ces pesticides en déniant leur dangerosité.
Il faut donc s’assurer que les nouvelles dispositions législatives permettront d’une part la reconstitution des sols et d’autre part l’élimination de l’utilisation des pesticides.
C’est à cette seule condition qu’il sera possible :
- d’assurer un revenu décent aux agriculteurs,
- d’assurer des prix de vente acceptables pour les consommateurs,
- d’assurer l’autonomie alimentaire de la nation,
- d’assurer que tous les produits récoltés dans nos serres et dans nos champs sont incontestablement BIO,
- d’assurer la sécurité sanitaire de notre alimentation.
Partager: