Contre les 211 milliards d’euros d’argent public attribués sans contre-partie aux entreprises, pour des aides plafonnées et ciblées
Initiative citoyenne
Contre les 211 milliards d’euros d’argent public attribués sans contre-partie aux entreprises, pour des aides plafonnées et ciblées
211 milliards d’euros d’argent public, soit 2,5 fois le budget de l’enseignement scolaire, sont reversés chaque année aux entreprises, sous formes d’aides, sans aucune contrepartie. Ces 3000€ par français et française peuvent être attribués à des entreprises qui délocalisent ou qui reversent de très confortables dividendes à leurs actionnaires.
Commerçant indépendant, père de deux enfants scolarisés dans l’école publique et simple citoyen soucieux de l’utilisation de l’argent public, je suis scandalisé par cette situation qui est au mieux le signe de l'inconséquence de nos dirigeants, au pire délibérément injuste.
- Une dépense incontrôlée -
Le gouvernement est lui-même incapable de donner le montant des aides publiques qu’il accorde aux entreprises. Il aura fallu le travail d’une commission d’enquête du sénat durant 6 mois pour donner, en juillet 2025, l'estimation de 211 milliards d’euros annuels. Comment se fait-il que l’Etat soit dans l’incapacité de donner lui-même le montant de son premier poste de dépense ? Quelle autre structure à l’équilibre budgétaire fragile, ménage ou entreprise, pourrait se permettre de dépenser sans compter ainsi ? Il faut imaginer ce que représentent 211 milliards d’euros : c’est plus de 3000€ par français et française et par an qui sont ainsi distribués aux entreprises. Par comparaison, le budget de l’enseignement scolaire était de 82,6 milliards d’euros en 2023 (source : budget.gouv.fr) et quand on mesure tous les jours l’état de délabrement de l’école publique et sa constante détérioration, il semble légitime de se demander si ces 211 milliards d’aides représentent la meilleure dépense pour l’avenir du pays. Autre exemple, le budget de la culture était de 3,7 milliards d’euros, soit moins de 2% des aides aux entreprises…
- Une dépense publique sans aucune vision politique -
Comment se fait-il que les critères d’attribution de ces aides ne soient pas clairement (et démocratiquement) définis ? Aucune contrepartie n’est définie pour les entreprises, l’opacité est générale. Que recherche-t-on avec ces aides : maintenir l’emploi en France ? Assurer une souveraineté dans des secteurs clé (alimentation, santé, industrie…) ? Accélérer la transition écologique ? Alors que les destructions d’emploi se multiplient (voir notamment les plans de licenciement chez Arkema, Michelin, Auchan, ArcelorMittal, Casino, CCF, Lapeyre…), ces aides n’apparaissent pas efficaces pour protéger l’emploi en France. Parallèlement, elles sont distribuées à des entreprises comme Auchan, LVMH ou Sanofi qui reversent des milliards d’euros en dividendes à leurs actionnaires. Quand on sait que, d’une part la fortune des 500 français et françaises les plus riches a été multiplié par 14 en 30 ans (source : Challenges, juillet 2025), et que d’autre part le taux de pauvreté n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui depuis 30 ans également (source : INSEE, juillet 2025), on ne peut que regretter l’opacité sur ces aides et l’injustice qui en découle.
- Un montant incompatible avec les urgences actuelles et le contexte budgétaire -
Alors que les inégalités sont au plus haut et que le gouvernement annonce chercher à économiser entre 40 et 50 milliards d’euros pour équilibrer le budget de 2026, comment ne pas remettre en cause ces 211 milliards d’euros ? Les pistes évoqués par le gouvernement pénalisant les travailleurs et travailleuses et les plus précaires, notamment :
- la suppression de deux jours fériés,
- une année blanche sur les prestations sociales, les pensions de retraites et la masse salariale des fonctionnaires,
- une nouvelle réforme de l’assurance-chômage,
- la suppression d’emplois publics,
- une baisse des dépenses de l’assurance maladie, une augmentation de la part prise en charge par les patients et patientes et une réduction de la prise en charge des affections longue durée.
Comment également ne pas vouloir utiliser une partie de cette somme faramineuse pour affronter sérieusement l’urgence environnementale alors que nous commençons à subir les effets du dérèglement climatique, que nous continuons à détruire notre environnement (le vote de la loi Duplomb le 8 juillet 2025 en est un exemple frappant), qu’on ne compte plus les alertes des scientifiques pour nous mettre en garde sur les conditions de vie de nos enfants dans les années à venir.
- Nos exigences -
Au regard de l’opacité et du caractère hors de contrôle de ces aides publiques, de l’absence de vision dans leur attribution, mais aussi du contexte actuel d’urgence environnementale, de services publics exsangues, d’augmentation des inégalités sociales et de volonté d’équilibrage du budget de l’état, nous demandons :
- la suppression immédiate des ces 211 milliards d’euros d’aides aux entreprises versées de manière incontrôlée,
- une politique claire et établie démocratiquement des objectifs des aides publiques aux entreprises, cohérente avec les urgences environnementales et de justice sociale,
- une déclinaison de cette politique en obligations et contre-parties pour les entreprises attributaires,
- l’instauration de nouvelles aides publiques aux entreprises conditionnées à ces obligations et contre-parties, avec un plafonnement cohérent avec les exigences du budget du pays, plafonnement décidé démocratiquement,
- la mise en place d’un contrôle rigoureux par l’état du respect par les entreprises de leurs obligations et contre-parties et de sanctions dissuasives en cas de non respect.
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