Non au remboursement des pseudothérapies : l'appel de soignants pour une santé fondée sur les preuves.
Le 05/05/2025, parait dans l'Express la tribune suivante. https://www.lexpress.fr/sciences-sante/non-au-remboursement-des-pseudotherapies-lappel-de-soignants-pour-une-sante-fondee-sur-les-preuves-7GAQGJF72VCOTFUZVPRJHXJZSI/
Nous vous proposons de la signer à votre tour, pour porter ce message auprès de nos politiques.
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Depuis 2016, la loi oblige tout employeur du secteur privé à proposer une complémentaire santé à ses salariés. Ainsi, 96 % de la population est aujourd’hui couverte pour ses frais de santé. Les frais inhérents à ces prestations complémentaires sont ainsi assumés par chaque foyer, en plus des cotisations sociales et des taxes communes permettant de financer le régime général de l’Assurance maladie.
La loi prévoit la même obligation depuis 2020 pour l’Etat vis-à-vis de ses fonctionnaires, et l’Education nationale, le plus gros employeur public du pays, vient de signer un contrat avec la MGEN et CNP assurance. Ce contrat, conformément à l’arrêté ministériel qui met en application la loi et fixe les garanties, nous alerte, car il prévoit la prise en charge de pratiques de soins non conventionnelles (homéopathie, ostéopathie, acupuncture, naturopathie, chiropraxie, sophrologie, ...). Pratiques qui, selon le ministère de la Santé lui-même, n'ont le plus souvent "pas fait l’objet d’études scientifiques ou cliniques montrant leurs modalités d’action, leurs effets, leur efficacité, ainsi que leur non dangerosité”.
Cette prise en charge renforcerait auprès du grand public le sentiment que ce sont des actions thérapeutiques médicalement efficaces, alors qu'ils relèvent du choix individuel et non de la solidarité nationale. Cela dans un contexte ou des soins éprouvés sont, eux, rarement pris en charge par les mutuelles: psychologie, sport sur ordonnance, diététique, entre autres.
Le Sénat, dans son rapport d’information publié en septembre 2024, propose, pour contrer la forte augmentation des tarifs des complémentaires de santé, de revenir sur la prise en charge des pratiques de soins non conventionnelles (la médecine dite “douce”). Selon ce rapport, le coût de ces pratiques a été multiplié par cinq ces huit dernières années, pour atteindre presque 1 milliard d’euros en 2023. Il est à noter que les frais des cures thermales viennent en sus de ce milliard de dépenses inefficaces.
Nous soutenons cette proposition. Il nous apparaît clair qu’au-delà d’être inutiles, ces pratiques non éprouvées induisent les patients en erreur sur ce qu'est une véritable prise en charge efficace, alors qu’elles ne sont qu’un argument commercial n’apportant rien à la santé de toutes et de tous, aux dépens de soins véritablement bénéfiques. Elles exposent de plus à des risques de dérives thérapeutiques, à un abandon des soins dans des cas où ils sont nécessaires.
Le gouvernement affiche vouloir faire des économies sur les dépenses sanitaires. Ne serait-il pas plus efficace, et aussi mieux compris du grand public, de le faire en valorisant des soins faisant l’objet d’un consensus scientifique quant à leur efficacité ? En écartant du champ du remboursement les pratiques non éprouvées susceptibles d’engendrer retards de prise en charge et dérives sanitaires. Il convient de poser une limite aux dépenses de la « solidarité privée » dont le coût ne cesse d'augmenter bien au-delà de l'inflation, notamment pour les ménages les plus fragiles et les personnes âgées..
L’annonce d’axes de travail contre la désinformation en santé par le Ministère ne saurait faire bon ménage avec le financement de pratiques non conventionnelles , sur lesquelles la Miviludes n’a cessé d’alerter. Les travaux de la Fondation Descartes montrent en effet que la sensibilité à ces pratiques et la sensibilité à l’ésotérisme sont liées entre elles et composent un terreau favorable à la mésinformation en santé.
Les mutuelles ne peuvent légitimer des pratiques de bien être au détriment du remboursement optimal des soins éprouvés. Les questions sanitaires sont l’affaire de toutes et de tous, les plus fragiles devant pouvoir compter sur la solidarité nationale dans l’intérêt de l’ensemble des Françaises et des Français.
Le Collectif No FakeMed appelle à la rigueur des autorités quant aux prises en charge par la collectivité et par les mutuelles des seules pratiques reposant sur les connaissances scientifiques, en économie de la santé comme en santé fondée sur les preuves. La prise en charge d’un panier optionnel relevant du bien-être est possible, mais doit relever d’un CHOIX personnel, et donc d’une option, non d’une obligation.
Vous êtes sur le point de demander à devenir co-auteur de cette pétition.
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