PATRIMOINE - PAYSAGE - PUBLICITE : En finir avec les bâches publicitaires XXL
Initiative citoyenne
PATRIMOINE - PAYSAGE - PUBLICITE : En finir avec les bâches publicitaires XXL
L’architecte de l’Opéra de Paris, Charles Garnier (1), pouvait-il imaginer l’Opéra tel que nous le découvrons aujourd’hui, l’Opéra qui porte son nom ?
Charles Garnier a publié sur la gazette, un siècle et demi avant l’organisation des Jeux Olympiques de 2024 à Paris ce texte “Les affiches agaçantes” dont nous vous confions plus bas quelques extraits…
Vous trouverez l’article dans son intégralité sur la bibliothèque numérique du site Gallica, le document étant la propriété de la Bibliothèque nationale de France (2).
Au-delà de l'émotion, c'est le sentiment de révolte qui l’emporte aujourd’hui, face à des décideurs, des multinationales et des publicitaires qui n’ont que faire de la beauté, de l’art, des sites, des paysages, du patrimoine commun de notre nation.
CE QU'IL FAUT CHANGER EN URGENCE :
Limiter la surface des publicités sur toutes bâches à 10,50 m² sans exception et sans dérogation
Modifier le code de l'environnement article R.581-54 et article R.581-55. Abroger l'article R.581-56
Modifier le code du patrimoine en abrogeant les articles L.621-29-8, R.621-86 à R.621-91.
Pourquoi ? une publicité peut couvrir 50 % d'une bâche de chantier sur échafaudage, plus l'échafaudage est grand, plus la bâche est grande, plus grande est la publicité ! une publicité sur bâche peut couvrir toute une façade quand le bâtiment n'est pas classé monument historique !
L'année 2024 bat tous les records d'autorisation de publicité sur bâches de chantiers qui couvrent nos monuments historiques et les bâtiments qui les entourent ou dans des sites d'exception comme le Mont Saint-Michel en février 2024.
Dénonçons L'ABUS DE CHANTIERS dans nos villes touristiques.
Nous avons perdu tout espoir de voir la place de l'Opéra ou la place des Vosges sans publicité : Les bâches publicitaires succèdent aux bâches publicitaires...
Dénonçons LA NUISANCE PERENNE qu'engendrent ces dispositifs en tout lieu !
MOBILISONS-NOUS POUR PROTÉGER NOTRE PATRIMOINE NOS PAYSAGES ET NOS ENFANTS DE LA PUBLICITÉ XXL
Charles Garnier a écrit un texte sublime, lettre posthume qu'il est urgent de porter à connaissance de :
- Madame Dati Ministre de la Culture,
- Monsieur Béchu Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ;
- Madame Belloubet Ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse ;
- Madame Vautrin Ministre du travail, de la Santé et des Solidarité ;
- Madame Hidalgo maire de la ville de Paris et l'ensemble des maires des arrondissements ;
- l'ensemble des maires de France ;
- l'ensemble des députés et sénateurs de France.
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Lettre - posthume- de Charles Garnier aux parisiens publiée dans la gazette des beaux-arts (Paris 1859) 1870-1871
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Les affiches agaçantes
“ N’ êtes-vous pas comme moi ; ne vous sentez-vous pas offusqués par ces grandes pancartes industrielles qui s’étalent au milieu de nos rues, s’imposent à nos regards et nous gâtent tant de belles vues de notre cité ? Peut-être serez-vous étonnés de cette question, tant pis alors : car déjà vous êtes contaminés par le milieu dans lequel vous vivez et le sentiment du goût s’est émoussé dans votre esprit. Quant à moi, ces énormes affiches peintes me causent toujours une impression fort désagréable, pénible même, et je me sens souvent saisi d’un violent dépit contre les administrateurs qui laissent ou qui ont laissé si négligemment notre ville compromettre sa beauté par de telles enseignes.
Comment, je ne pourrai pas, en parcourant certains quartiers de Paris, admirer à mon aise les édifices qui y sont construits, sans être entravé dans mon admiration par d’énormes annonces qui attirent et blessent ma vue ! [ … ]
Je paie mes taxes, surtaxes, centimes et décimes pour que vous, maire de Paris, préfet de la Seine ou préfet de police, me donniez un de de bien-être par-ci, un peu d’art par-là ; [...] n’ai-je pas le droit de trouver que mon argent est en partie mal employé ? [...]
[...] est-ce que tous ces enfants, qui ne savent encore rien de l’art, ne peuvent pas se laisser surprendre par ces grossières images imposées chaque jour à leur vue ? [...] Les rues, les places, les villes enfin, doivent faire l’office de professeurs ; l’éducation première et persistante vient de ce qui nous entoure, et il ne faut pas négliger ces enseignements forenses, car les leçons qu’on en reçoit, bonnes ou mauvaises, laissent des germes profonds, qui seront bien longs à disparaître, si même ils disparaissent jamais.
Si vous vous sentez impuissants à développer cet enseignement, au moins soyez assez forts pour ne pas le pervertir. Mieux vaut une nation ignorante qu’une nation corrompue, et, ne fût-ce que partiellement, vous aidez sans conteste à la corruption du goût en ne proscrivant pas sévèrement de telles enseignes.
Oh ! je sais bien que vous allez vous retrancher derrière le grand mot de liberté individuelle, et que vous me direz que tout propriétaire a le droit de disposer de son mur à sa façon ; mais si vous le laissez libre d’abandonner ce mur à la confection de grosses réclames, vous ne laissez plus tous les autres habitants libres de se promener sans être agacés par elles.
[...] je veux protester et je proteste contre cette coutume déplorable, qui n’est en résumé qu’une marque de décadence, qui tend, hélas ! à se généraliser. La province imite Paris dans cette laideur ; l’étranger suit la même voie; [...]
. . . . . Vraiment, vous trouvez que j’exagère ; vous trouvez que ces barbouillages ne valent pas tant de colère et de tristesse. [...] toutes ces photographies qui étaient prises de cet ensemble et qui se répandaient à l’étranger montraient à tous les artistes de la terre que, peu soucieux du caractère accusé et typique de cette vue, les parisiens souffraient que pour l’appât de quelques francs un quidam se donnât le droit de détruire et les lignes et les couleurs de la point du Pont-Neuf.
[...] l’art est partout, il est dans tout : dans la rue comme dans le musée, et je dénie le droit que s’arrogent quatre ou cinq industriels de maculer avec leurs enseignes outrecuidantes la ville qui abrite un million d’habitants !
[...] il se peut que le petit grelot que je fais sonner tinte assez fort aux oreilles de nos édiles, pour qu’ils supposent que le bruit qu’ils entendent n’est pas fait par moi seul, mais bien aussi par nombre de gens qui partagent mes impressions à l’endroit des affiches agaçantes.”
CHARLES GARNIER.
extrait de la Gazette des beaux-arts (Paris 1859). 1870-1871
(1) Charles Garnier gagne le concours de l’Opéra en 1861
(2) Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter : reutilisation@bnf.fr.
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