Améliorer les modes de scrutin utilisés pour désigner les députés et le Président de la République
Initiative citoyenne

Améliorer les modes de scrutin utilisés pour désigner les députés et le Président de la République
Toute communauté est traversée par diverses opinions individuelles. Pour les agréger en une décision collective, des règles sont déterminées, ce qui constitue un mode de scrutin : d’une part, il faut spécifier la façon dont les électeurs pourront exprimer leurs opinions ; d’autre part, il faut préciser comment ces avis seront comptabilisés pour construire un classement et ainsi designer la décision retenue.
Dès l’antiquité, un grand nombre de modes de scrutin a été inventé. Leur étude scientifique a commencé au 18ᵉ siècle, un peu avant la révolution française, avec Le Marquis de Condorcet et Le Chevalier de Borda. Depuis, les théoriciens du choix social étudient et caractérisent différentes méthodes de vote, essayant de déterminer les meilleures et les moins bonnes (voir en fin de texte la description de quelques méthodes de vote). Le scrutin uninominal majoritaire, qu’il soit à un tour ou deux tours, fait partie des plus mauvaises méthodes. Or, en France, que ce soit pour choisir les députés ou le président de la République, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours est utilisé.
Ce mode de scrutin est tellement problématique qu’il n’y a pas besoin d’être mathématicien pour le comprendre. À l’élection présidentielle de 2002, voyant Lionel Jospin éliminé au premier tour alors qu’il était le favori, il est devenu évident pour tous que les résultats de ce mode de scrutin étaient bien trop dépendants aux petits candidats et autres « alternatives non-pertinentes ». Il est maintenant notoire qu’il ne faut pas voter suivant ses préférences, mais voter utile. Pire, les citoyens en viennent à effacer leurs critiques concernant le candidat favori qui leur est le plus proche, et ceci pour s’assurer que des « alternatives non-pertinentes » ne lui prendront pas de voix. Ceci contribue à diviser la communauté en quelques groupes aux idées bien tranchées, sans nuances, et qui se déchirent de plus en plus violemment.
Quelles sont les barrières empêchant d’utiliser d’autres modes de scrutin ?
1) Une attention particulière doit être porté à la forme du bulletin, qui doit être facilement compréhensible. Sur ce point, difficile de faire mieux qu’avec le scrutin uninominal majoritaire : un bulletin avec un simple nom à glisser dans une enveloppe, même pour quelqu’un qui ne sait pas lire, cela reste abordable.
2) Le décompte des votes doit pouvoir se faire de façon suffisamment simple, rapide et transparente pour pouvoir être surveillé et vérifié par n’importe qui. Là encore, difficile de faire mieux qu’avec le scrutin uninominal majoritaire.
Pour relativiser ces barrières, une remarque :
Cela fait bien longtemps que la monnaie est dématérialisée (les pièces et billets ne représentent qu’une petite portion de la monnaie en circulation). De surcroit, combien savent comment le système monétaire fonctionne tellement il est devenu complexe ? Difficile donc de croire qu’un peu plus de complexité dans la forme du bulletin, ou qu’un peu d’assistance technologique pour le décompte des voix, soient une barrière si infranchissable que cela.
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Pour avoir une présentation sous forme de BD des différents modes de scrutin :
https://marjolaineleray.com/portfolio/vous-reprendrez-bien-un-peu-de-democratie/
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Scrutin uninominal majoritaire à un tour :
– Forme des bulletins : chaque électeur choisit un candidat parmi plusieurs.
– Décompte des votes : on compte le nombre de voix obtenues par chaque candidat, celui qui recueille le plus de voix remporte l’élection.
Vote alternatif (vote à second tour instantané)
– Forme des bulletins : chaque électeur range par ordre de préférence les candidats.
– Décompte des votes : on compte le nombre de premiers choix obtenus par chaque candidat ; si une personne a plus de 50 % des voix, elle gagne ; sinon, on élimine celle qui a eu le moins de voix ; on répète cette opération jusqu’à ce qu’un candidat ait 50 % ou plus des voix.
Méthode de Borda :
– Forme des bulletins : la même que précédemment (chaque électeur range par ordre de préférence les candidats).
– Décompte des votes : on additionne les rangs obtenus par chaque candidat ; celui qui a obtenu le plus petit score est le gagnant.
Méthode de Condorcet :
– Forme des bulletins : la même que précédemment (chaque électeur range par ordre de préférence les candidats).
– Décompte des votes : on regarde combien d’électeurs préfèrent un premier candidat à un second candidat, on détermine ainsi le gagnant de ce duel ; on réalise autant de duels que nécessaire pour que chaque candidat soit comparé à tous les autres ; le gagnant est celui qui remporte tous les duels. S’il n’y en a aucun, alors plusieurs méthodes existent, par exemple appliquer la méthode de Borda.
Jugement majoritaire :
– Forme des bulletins : chaque électeur attribue à chaque candidat une mention parmi sept possibles (Excellent, Très Bien, Bien, Passage, Insuffisant, À rejeter).
– Décompte des votes : pour chaque candidat, on compte le nombre qu’il a obtenu pour chacune des mentions. On détermine alors la mention majoritaire, celle qui est approuvée par au moins 50 %. Celui qui a la meilleure mention à gagner. En cas d’égalité, on donne raison à l’ensemble des électeurs les plus nombreux à penser que le candidat vaut plus que sa mention majoritaire.
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