Pour une normalisation des loyers des établissements commerciaux
Initiative citoyenne
Pour une normalisation des loyers des établissements commerciaux
Libraire depuis 27 ans, j’ai pu assister à la manière dont évoluaient, et parfois disparaissaient, certains commerces, parfois considérés comme « non essentiels » durant la sombre période du Covid-19.
Sept ans après avoir été muté dans une librairie située dans le 13ème arrondissement de Paris, nous avons appris, en date du 16 septembre dernier, que la direction générale de l’entreprise avait l’intention de dénoncer le bail triennal à la fin du mois de septembre, pour une fermeture définitive en juin 2026.
18 ans après son ouverture, ma librairie allait donc fermer dans ce quartier pourtant idéalement placé à proximité des universités Paris Cité, l’université de Chicago, l’Inalco et autres établissements prestigieux.
L’une des raisons officielles qui fut donnée fut le loyer alloué au bailleur. Celui-ci représentait en effet 30 000 euros par mois, soit la quasi-totalité de notre chiffre d’affaires, alors que le montant conseillé dans le cas d’un local à vocation commerciale ne peut dépasser 10% du revenu mensuel.
L’immeuble est propriété une société de location immobilière allemande. Le gestionnaire de cet immeuble n’a jamais voulu abaisser le loyer malgré les tentatives de la société qui m’emploie (art. L154-37 et 38 du Code du commerce). Cette décision a donc accéléré la fermeture de notre librairie comme une dizaine l’ont été avant la nôtre.
L’augmentation irréfléchie des loyers commerciaux montre à quel point certains bailleurs ou fonds de pension ne sont là que pour engranger de l’argent au détriment de ceux dont le seul but consiste à fournir à leur clientèle des services que la vente sur Internet a fortement fragilisés depuis 2021.
Les exemples d’augmentations indécentes des baux commerciaux sont nombreux et, chaque jour, de nouvelles librairies et lieux culturels sont obligées de fermer pour cette raison, alors que le syndicat de la librairie française avait déjà tiré le signal d’alarme et demandé en 2022 des dispositifs particuliers pour contenir cette inflation.
Les librairies sont irrémédiablement impactées par ces augmentations qui se rajoutent à la concurrence d’Amazon, malgré l’augmentation de 3 euros sur les livres, et la baisse de l’allocation des Pass culture pour les 17-18 ans.
en dehors des librairies, ce sont également tous les commerces de proximité qui sont victimes de ces augmentations injustes, inéquitables et mortifères, qui entrainent invariablement la fermeture des commerces mais également le reclassement des employés ou leur mise à la retraire anticipée sans que les actionnaires n’en soient dérangés.
Je demande donc à tous les acteurs politiques et à tous ceux qui soutiennent leurs commerçants, de se mobiliser afin de contraindre les bailleurs à ne pas dévitaliser les commerces, qu’ils soient ou non essentiels.
Il suffit de voir ce qu’est devenu le boulevard Saint-Michel à Paris pour constater que la spéculation immobilière et l’augmentation des loyers transformera progressivement les villes et villages en cimetières culturels.
C’est l’avenir de notre vie quotidienne qui risque d’être impacté à plus ou moins brèves échéances si les bailleurs ne reviennent pas à la raison et si le gouvernement français n’établit pas de strictes règles d’encadrement de ces loyers, y compris en agissant sur les avantages fiscaux dont pourraient bénéficient ces derniers.
Votre participation est en l’occurrence essentielle pour que les sénateurs et députés s’emparent de cette affaire, dans une période critique pour l’avenir de notre démocratie.
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