Inscription de la Langue des Signes Française (LSF) dans la Constitution de la République française
Initiative citoyenne
Inscription de la Langue des Signes Française (LSF) dans la Constitution de la République française
Nous déposons cette pétition sur la plate-forme des deux chambres parlementaires pour attirer l’attention de tous les français et surtout des élus sur un sujet méconnu du grand public mais qui touche une part importante de la population française : la condition de la communauté sourde signante en France.
Aujourd’hui, tout un chacun connaît la Langue des Signes Française (LSF) qui est davantage présente dans la politique télévisée, les médias et notre quotidien. Chacun pense qu’un enfant sourd qui naît en France a accès à la LSF dès son plus jeune âge pour parfaire son développement psycho-cognitif comme tous les autres enfants. Mais il n’en est rien !
À l’heure de la Transition Inclusive mondiale et d’une prise en compte efficiente des différences de chacun pour enrichir notre société et faire évoluer les mentalités, nous ne pouvons que déplorer la situation des Sourds en France. Nous souffrons encore, 141 ans après, de l’héritage désastreux du Congrès de Milan (1880) qui évinça totalement l’utilisation de la LSF de l’instruction des enfants sourds au profit d’une éducation exclusivement oraliste. Malgré les études scientifiques et sociolinguistiques plus récentes, l’apprentissage de la LSF n’est toujours pas recommandé par les médecins. L’injustice envers les Sourds est encore plus flagrante quand les spécialistes préfèrent préconiser aux parents démunis des opérations mutilant définitivement le nerf auditif de leur enfant. Ils leur promettent alors la « normalité » future de celui-ci au prix d’une rééducation orthophonique lourde le privant de communication et d’épanouissement personnel pendant les premières années de sa vie avec toutes les incidences psycho-développementales que cela entraîne plutôt que de leur conseiller l’apprentissage d’une langue différente du français oral répondant à une particularité sensorielle. Le destin des enfants sourds ne peut pas être dicté par des décisions médicales répondant seulement à la détresse de parents angoissés par l’inconnu de la surdité ; une réelle information délivrée par des professionnels sourds montrant que la surdité n’est pas forcément un mal à soigner le fera tout aussi bien !
Les cours de LSF délivrés par des professeurs sourds diplômés, meilleurs enseignants de cette langue si particulière, sont rares et très coûteux pour les parents d’enfants sourds qui voudraient apprendre à communiquer avec eux. Ils ne sont pas remboursés par la sécurité sociale alors que l’orthophonie, l’est. Les classes bilingues (LSF/français) continuent à être fermées en France au profit d’une inclusion individuelle, sauvage et non-réfléchie dans des classes d’enfants entendants avec un AESH (Accompagnant des Elèves en Situation de Handicap) qui ne pratique souvent pas ou très peu la LSF et qui ne connaît pas les spécificités de la surdité. C’est comme si un enfant chinois devait être scolarisé dans une école en France sans interprète.
Ces problèmes liés à la barrière de la langue se retrouvent tout au long de la scolarité des élèves sourds mais aussi dans leur vie de tous les jours. La communauté sourde signante française rêve d’une accessibilité totale à la LSF dans tous les domaines de la vie quotidienne (éducation, études supérieures, travail, culture, politique…). L’inscription de la LSF dans la Constitution garantirait la non discrimination pour l’emploi, l’accessibilité à 100% des services publics avec l’usage d’interprètes, l’inclusion fluide de la LSF dans les espaces publics (manifestations, conférences…), le développement des formations d’interprètes et des métiers spécifiques en lien avec la LSF (professorat sourd, médiateurs, fonctionnaires…) et une protection égalitaire devant tous les droits (harcèlement, justice, accès au travail..)
Les Sourds français vivent depuis toujours comme des étrangers dans leur pays et c’est révoltant de constater qu’au pays des Droits de l’Homme, les droits des Sourds sont bafoués depuis tant d’années dans l’impunité la plus totale. M. Macron fut l’un des premiers à rendre ses meetings accessibles aux Sourds pendant la campagne de la dernière présidentielle avec la présence d’interprètes en LSF. Et c’est sous sa présidence, que la communication gouvernementale a commencé à être systématiquement interprétée en LSF ; ce que salue la communauté sourde, surtout depuis la crise sanitaire.
La Transition Inclusive est lancée. Ne perdons pas l’élan donné par le président et persévérons pour que la surdité ne soit plus, en France, un handicap causé par le rejet sociétal d’une langue gestuelle mais qu’elle devienne une simple particularité sensorielle des individus dont il faille tenir compte. Et même si Mme Cluzel, secrétaire d’état chargée des personnes handicapées, reste SOURDE à nos demandes répétées et considère seulement la LSF comme « une belle langue à part entière » sans aller plus loin dans sa reconnaissance et sa défense, nous interpelons de nouveau la classe politique. Nous, Sourds et familles de Sourds, demandons, aux parlementaires de tous bords politiques, l’inscription de la langue des signes française dans la Constitution de la République comme langue nationale de la communauté sourde et de toutes les personnes s’exprimant dans cette langue. Elle sera alors enfin reconnue, protégée et pourra être utilisée comme langue de la République pour favoriser l’inclusion de la population sourde qui reste silencieuse et invisible depuis tant d’années. La prise en compte de la surdité doit être la préoccupation de tous et ne peut plus être à l’origine de clivages politiques qui seront toujours au détriment des Sourds.
Cette pétition accompagne la remise du rapport « La Langue des Signes Française dans la Constitution de la République » au président de la République, à la secrétaire d’état chargée des personnes handicapées et aux parlementaires du parti présidentiel pour motiver notre demande d’inscription de la LSF dans la Constitution.
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